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James Vincent MCMORROW

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Trip Tips - Fanzine musical !

mardi 10 mai 2011

Smog - The Doctor Came at Dawn (1996)


Parution : septembre 1996
Label : Drag City
Genre : Lo-fi, Folk
A écouter : You Moved In, Lize, All Your Women Things

7.75/10
Qualités : lucide, sombre, envoûtant, pénétrant


The Doctor Came At Dawn est un disque à part dans la carrière de Callahan, et mérite d’être écouté en tant qu’« expérience » sentimentale et intuitive définitive. Complètement épanoui, le sentiment est presque palpable ; il est sensation, l’impression de se trouver plongé dans les eaux au large d’une île – cette île favorite où Smog voudrait que personne ne le suive - où l’on aperçoit Callahan apparaître, parfois, sur la plage, nous jauger gravement, prononcer lentement des mots, d’une voix qui se perd dans les bruits du ressac et sans que l’on sache réellement quel rôle il a joué dans la façon dont nous sommes plongés là. Il semble plus subtilement qu’auparavant possédé par son alter égo. La torpeur de sa musique soigne autant qu’elle consume. On observe Callahan-Smog qui plonge,  sonde la mer tandis que l’on flotte, transis. Cette superbe caravelle sur la pochette, c’est le cortège de l’amour qui défile au loin, si ralenti qu’il s’expose à toute contemplation. Il continue sa route sans nous voir, attendant simplement d’être regardé à distance par tous ceux qui percent hors de l’eau et ne savent pas où ils se trouvent.


Julius Caesar et Wild Love étaient l’occasion de faire preuve d’une inventivité sonore fracassante, avec le manque de moyens et la volonté de dérouter l’auditeur sans arrêt comme leviers. The Doctor Came at Dawn est d’un seul tenant (ou presque) ; la lenteur qu’il décrit est à la fois tristesse et agonie de jeunes couples et félicité dans la découverte d’un nouveau romantisme dont Callahan tire des forces décuplées, et qui culminera sur Red Apple Falls, l’album à suivre. Callahan y déplace sa volonté de manœuvre vers plus de subtilité. « You go with the other men/ I beat myself to sleep » (« Va avec l’autre homme/je m’oblige à dormir »)  explorant un stade des relations amoureuses où tous les tours  semble déjà usés, nous projetant dans l’après ; et, malgré toute la sombre aura de Doctor Came at Dawn, cet état post-amoureux (post-coïtal ?) est proche de la béatitude, c’est un grand frisson. Même dans ces moments les plus terribles : « You don't make lies/Like you used to/ In the old days/You took pride in your lies/You used to pay more attention/To détails » (« Tu ne fais plus de mensonges/comme tu en avais l’habitude/dans les vieux jours/Tu tirais de la fierté de tes mensonges/Tu faisais plus attention/aux détails. » Ces paroles sont tirées de Lize, une chanson hypnotique interprétée en duo avec sa compagne et muse d’un temps, Cynthia Dall, elle-même talentueuse musicienne. Leur unisson produit une réalité de vie dont le disque s’est par ailleurs éloigné au profit de méditations vertigineuses.



Au centre du disque, c’est ce regard doux-amer sur le passé, une nostalgie des vicissitudes de relations juvéniles.  Callahan, emporté par Smog, dominé par une seconde nature, est capable d’une lucidité sans limites.


Malgré l’avancement de la dégradation de tous rapports humains, Smog n’oublie pas l’époque où tout était différent, où les relations se multipliaient, et n’exclut pas de retourner à tout moment à cet état antérieur de sa progression. « It’s been seven years and the though of you name still makes me weak at the knees » (« Ca fait sept ans et la seule pensée de ton nom me dérobe de mes jambes »). La thématique récurrente n’est pas seulement celle de l’eau, comme dans la poésie de Spread Your Blooby Wings : « Briney waters singe their skins/Icy waves drive them back again/Helmets oars and Swords/Are washed upon the shore » mais c’est la fascination pour les limites, ou l’absence de limites, d’un océan entier, avec la ligne d’horizon, et sa légère courbe, comme seul signe de faire encore partie d’une civilisation, d’un monde ou tant d’être humains, tant de relations, tant de femmes peuvent susciter une envie de lucidité. La musique étirée, étrange, cinématique dans les meilleures chansons – All Your Women Things, Lize, Spread Your Bloody Wings, baigne les personnages, s’immisce en eux comme un fluide, souligne leur enveloppe sensuelle, nous donne la sensation qu’ils partagent notre air, ou notre eau, lorsqu’ils apparaissent. « You just danced to the symphony/Of the musical sound of/Your ever expanding sea ». 

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