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James Vincent MCMORROW

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lundi 16 mai 2011

Smog - Dong of Sevotion (2000)

Parution : avril 2000
Label : Drag City
Genre : Folk-rock
A écouter : Dress Sexy at my Funeral, Bloodflow, Permanent Smile

°°
Qualités : Doux-amer, romantique
Dongs of Sevotion (2000) paraît seulement un an après Knock Knock, mais s’en démarque assez nettement. A force de traque distancée, de mouvements d’attraction, de recul, et de pas latéraux silencieux, Callahan donne là la sensation d’être omniprésent ; s’il avait avec son précédent disque tenté de réduire l’aspect menaçant et invasif de Smog pour mettre en valeur sa propre sensibilité et humanité - sur River Guard notamment -, il gagne ici une aura quasi-divine (divinité sournoise s’il en est), plus que jamais capable de décider de la vie et de la mort là où il veut les placer. Cette distance et relative froideur est compensée par un sens dramatique qui lui le met dans la situation d’une sorte de Hamlet – posant des énigmes dont il est le seul à comprendre les tenants, mais dont les aboutissants sont on ne peut plus clairs. Toujours un personnage à l’intérieur de l’histoire plutôt qu’un conteur qui se maintiendrait soigneusement à l’écart de ses personnages. Par des travers de poésie Shakespearienne, l’histoire elle-même fait partie d’une chaîne alimentaire « There are some terrible gossips in this town/With jaws like vices » (« Il y a de terrible rumeurs dans cette ville/avec des mâchoires comme des étaux »). Vices est un mot de l’anglais britannique.

Au contact des scènes qu’il suscite, il semble capable d’inverser lourdeur du drame et légèreté d’une passion sans conséquence. Dress Sexy at my Funeral est l’une des chansons les plus mémorables de Smog, pour la fraîcheur de son texte plutôt que pour la musique – qui est dans ce que Callahan fait de plus influencé par Lou Reed. Elle fascine avec cette façon si particulière qu’elle a de trahir (il s’agit toujours avec Smog de trahir, de visiter sans y être invité, d’influencer par pénétration) l’amertume du personnage. « Dress sexy at my funeral my good wife/For the first time in your life » (“Habilles-toi sexy à mon enterrement, ma chère femme/pour la première fois de ta vie”). L’intérêt semble n’être pas tant le jeu de filature qui se met en place dans la vie telle qu’il la dépeint en général, mais les ambiances policières, politiques, de la mort. Ou comment une impasse narrative – démarrer une chanson depuis le cercueil – peut se transformer en célébration de tout l’humour qu’il y a à vivre – par un beau jeu de ressort. Callahan incite sa triste veuve à convoler dès ses funérailles. « Wink at the minister/Blow kisses to my grieving brothers” (“Fais de l’oeil au ministre/souffle des baisers à mes frères chagrinés”). Et, pour porter plus loin un élan de l’existence qui ne saurait être étouffé par la mort, « Tell them about the time we did it/On the beach with fireworks above us” (“Raconte-leur la fois ou on l’a fait/sur la plage avec les feux d’artifices au-dessus de nous »).

Dongs of Sevotion (pour « Songs of Devotion »), ce n’est pas un jeu de mots innocent mais une façon d’annoncer que l’on va tout mélanger, valorisant une démarche gauche et erratique. Calahan exprime à la fois son attirance et son rejet pour la vie qui l’entoure, et explore les relations à la société d’un individu adaptable, inconstant. Il faut aussi, d’un point de vue strictement artistique, continuer de « nourrir » l’engeance Smog ; et Callahan continue de transformer la férocité de son alter-égo en crainte de nuire, « d’émietter des gens » dans sa main. « All these moments have passed through me/I have turned them all to waste” (“Tous ces moments qui sont passés à travers moi/je les ai gâchés ») déplore t-il sur Distance comme s’il était trop maladroit pour préserver les belles choses qui se présentent à lui. Il est romantique jusque dans sa cruauté. « Without her clothes/She looked like a leper in the snow/I left her in the snow without her clothes”“Sans ses vêtements/elle ressemblait à un lépreux dans la neige/Je l’ai laissée dans la neige sans ses vêtements ». Plus léger sans être moins terrible, Bloodflow peint le tableau d’une violence sudiste, avec une rime d’anthologie en surcouche : « No time for a tete-a-tete/Can I borrow your machete? » (« Pas de temps pour un tête-à-tête/Puis-je emprunter ta machette ? ») et encore : « Blood will spill and blood will spurt/Enemies keep the mind alert » (« Le sang va se répandre et le sang va jaillir/Les ennemis entretiennent l’esprit »).

Avec ses chants de cheerleaders, Bloodflow est de cette douce excentricité qui baigne tout un pan de Callahan plus ancré dans un réel très américain (et montre aussi ses qualités d’arrangeur à la recherche du détail qui tue), une parcelle de subconscient collectif  – de I Am Star Wars ! (sur Julius Waesar, 1993) à America ! (2011).  Dong of Sevotion est richement détaillé et produit, plus qu’aucun autre disque de Smog, avec ses chansons qui avoisinent les sept ou huit minutes, et c’est l’élégance de l’ombre de géant fragile de Callahan qui triomphe sur les tendances fauves dénoncées dans certains vers.

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