Chronique extraite d'un futur article sur Jimbo Mathus. (Trip Tips 26)
OO
intense, varié
country, blues rock, rock n' roll
En
choisissant les dix chansons qui constituent White Buffalo (2013),
Mathus se comporte exactement comme le jeune homme qu'il fut, sur le point de se
rendre pour la première fois au festival folk de Mountain View, dans
le nord de l'Arkansas, un lieu réputé pour préserver l'héritage
musical des Ozark Mountains. Pour info, le comté de Stone County est
un 'dry county' – toute vente de boisson alcoolisée est interdite.
Drôle d'endroit pour un festival, et les subtilités des lois
locales devaient ajouter à l'ambiance si particulière du lieu. Une
matriarche se souvient d'un 'petit garçon maigrelet qui s'est
hissé sur une souche et a joué Fox on the Run (une chanson composée
par le groupe anglais Manfred Mann en 1968 et reprise par le chanteur
country Tom T Hall). L'année suivante, il revint avec beaucoup
d'autres chansons.
De
l’aveu de Jimbo Mathus, White Buffalo marquait un nouveau départ
dans sa carrière déjà riche en sauts d'écureuil et grimpées le
long des branches. C'est l'album qui a révélé Mathus à un plus
large public à l'approche de la cinquantaine, et qui marque le début
de sa collaboration avec Eric "Roscoe" Ambel, dont le rôle
auprès des fougueux musiciens du Tri State Coalition ressemble à
celui d'un rider
en peine épreuve de rodéo. En proposant Eric Carlton aux claviers,
il a nuancé un son jusque là dominé par la guitare télécaster.
Parfois,
comme sur la chanson titre, c'est l'occasion de tout lâcher, en
apparence ; mais on se rend compte que l'ensemble de l'album est
ciselé et ne dure d'ailleurs pas plus longtemps qu'un disque des
Stones ou des Beatles sorti en 1963. Tout l'art de Mathus est de
quand même ménager des moments d'émotion et, presque, de
recueillement puisqu'il tenait à ce qu'il y ait de nombreuses
harmonies sur cet album. Tous les sentiments attrapés là,
observations culturelles et mythologies inabouties, sont dépeintes
avec la nervosité de phrases simples et de métaphores simplistes,
comme cette assertions que cette femme 'aurait du être un diamant'
sur Poor Lost Souls (à ne pas confondre avec la chanson du fabuleux
James McMurtry). Cette métaphore reviendra dans Shine Like a
Diamond, une merveilleuse chanson pop, l'année suivante. Mais c'est
celle du jardin d'Eden sur In the Garden qui laisse plus dubitatif et
qui force, dès le départ, à entrer dans le jeu de la facilité
lyrique soulignée de bienveillance propre à Mathus. Il faut
reconnaître que la légèreté et la candeur sont partout
parfaitement dosées.
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