OO
épique, groovy, audacieux
post punk, psych rock
Autant dans ses excellents concerts que sur disque, en 2016 Hawkwind sonne comme un groupe qui sait exactement où il va. Son versant punk n'a jamais paru aussi bienvenu et salvateur qu’aujourd’hui, surtout quand on sait que c'est sous le joug de Dave Brock, le seul membre original du groupe anglais connu pour avoir dressé Lemmy Killmister à la baston instrumentale. Quelque part vers la fin de Lost in Science (c'est à dire après presque une heure), quand une voix ombrageuse reprend un poème entamé au début de l'album, on se dit que The Machine Stops est un album épique qui a réussi à raviver ce qui faisait d'Hawkwind un groupe excitant jusqu'à Quark, Strangeness and Charm (1977), et plus épisodiquement au-delà. Brock, en patriarche du rock psychédélique, veille ostensiblement à ce que tout se déroule pour le mieux, il sait encapsuler chaque instant de cet album, et ses backing vocals produisent les moments qui laissent croire qu'Hawkwind est immortel.
C'est un mélange de sons issus de l'esprit hanté de littérature, des capacités de musiciens hyper précis de ces six êtres humains, marchant au devant de toutes les turpitudes qu'a traversé ce vaisseau au cours des années. C'est aussi le son d'une sorte de machine qui émet sa critique d'une autre machine, l’avènement d'un monde où ce qui différencie l'être humain lambda – s'il n'a pas le bon réflexe de s'emparer d'une guitare et de devenir – est en train de sacrifier sa personnalité au profit de la machine. C'est album iconoclaste sur la standardisation des pensées et des sentiments, avec la solitude (un thème cher à ces explorateurs de l'espace-temps) comme conséquence inévitable – à moins, toujours, de s'emparer dès aujourd’hui de tout instrument valide à portée de main pour former un groupe.
Les paroles sont clairement focalisées. The Machine Stops, album concept qui épouse les thèmes visionnaires du roman de EM Forster, enchaîne les situations anxiogènes et exaltantes, avec une densité dont il faut se faire d'urgence le complice. Car au lieu d'être juste un nouvel d'Hawkwind, c'est l'un des meilleurs depuis ce Quark, Strangeness and Charm, et sans doute meilleur que celui-ci. Les ambiances changent, passant de la charge enfiévrée à la dépression avec un omnipotence de maniaco-dépressif. Dans le creux de la vague, on croirait Hexagone chanté par R. Stevie Moore, un champion de la pop auto parodique. Mais c'est encadré par Synchronised Blue et Living on Earth, qui, par leur mélange idée de fantaisie et de groove hypnotique. Un banjo se lance dans une valse cajun au milieu de cette dernière. C'est irrésistiblement anglais, avec ce sens du collage d'où jaillit parfois ce qui pourrait être Pump and Circumstance, au milieu de sons de synthés étrangement impossibles à voir comme 'datés'.
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