OO
pénétrant, lyrique, nocturne
Atmosphérique, soul
Choisir Willis Earl Beal comme artiste de l'année 2013, c'était vanter son originalité et sa vision inversée du music business américain. Dandy Noir au visage masqué, sa voix à l'expressivité rare servant de bouclier à sa personnalité, il démontrait dans des chansons intenses jusqu'à évoquer Howlin' Wolf, que ce qui compte, c'est la musique - le temps qu'elle crée pour elle même, déconnectée de tout, et surtout de toute gloire future pour l'artiste. Seul le temps présent comptait. Burroughs le travaillait encore.
Avec Nocturnes, la vie mouvementée - et parfois violente - de Beal, désormais marié (!) s'explique par ses insomnies. Et ce qui paraissait brave semble aussi, simultanément, naïf. C'est ainsi que cet album à écouter au casque entame avec des chansons autobiographiques, monotones et déchirantes, puis se métamorphose sous le coup de plaidoiries faussement anodines, et si intimes, par le temps particulier dans lequel elles se déroulent. Ce temps de nuit, intangible. Ce sont Stay, Survive ou Start Over, en particulier. No Solution et Able to Wait, qui évoque même le crooner anglais Richard Hawley, sont les pépites qui portent cet album au delà de la simple tentative. Des sonorités en forme de chinoiseries ajoutent au candide obscur de de ce Nocturnes.
La présence de Wilis Earl Beal, par sa voix, donne encore l'impression tenace qu'il pourrait être à côté de nous, que rien ne nous sépare d'autre que nos différences de deux consciences, et non la distance.
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